Le guttus est un petit vase à pied dont l'ouverture est tantôt munie d'une passoire, tantôt couverte par un médaillon en relief moulé, collé à la barbotine. il est muni d'un long bec et d'une anse en anneau sur le côté de la panse. On ne connaît pas son nom antique, le mot guttus a été utilisé à l'époque moderne pour désigner un vase fait pour verser un liquide goutte à goutte. On a beaucoup discuté de l'usage des gutti. On les a long-temps considérés comme des biberons, mais seuls ceux qui avaient deux becs ou deux ouvertures auraient pu servir à cet usage. On sait actuellement qu'ils auraient pu contribuer à l’augmentation de la mortalité infantile, puisqu'il était impossible d’en nettoyer l’intérieur correctement. Les gutti munis d’une passoire sur dessus servaient à filtrer un liquide.
C'est pourquoi la passoire est entourée d’un rebord qui empêchait le liquide de couler sur la panse. Ces gutti étaient parfois munis d’un couvercle. Le bec pointu servait à introduire le liquide dans un autre récipient.
Ils ont probablement été utilisés pour remplir les lampes, usage qui a perduré jusqu’à l'époque moderne, comme on le voit voit sur un tableau du XVIIe siècle de la Galleria Doria à Rome. Les gutti décorés sur le dessus d'un médaillon en relief devaient contenir des huiles parfumées, utilisées pour les exercices de la palestre ou pour la toilette. Le rebord mouluré à l'extrémité du bec servait à étendre l'huile sur la peau. Le bec devait être fermé par un bouchon.
Le guttus était un vase dont la fabrication était compliquée et assez longue, il fallait d’abord tourner le corps du vase, en ménageant un pied plus ou moins haut, plus ou moins large, les pieds hauts et larges servaient, comme la panse, de récipient au liquide. Les stries de tournage sont nettement visibles sur certains gutti. Le médaillon sur le dessus du vase était fait à partir d’une plaquette d’argile repoussée dans un moule plat circulaire, l’applique ainsi obtenue était recoupée selon le diamètre de l’ouverture à recouvrit. Il fallait attendre que le vase et la plaquette soient partiellement séchés avant de fixer celle-ci avec de la barbotine, sinon, le poids de la plaquette aurait écrasé la panse du vase. Il fallait aussi creuser un trou dans l’épaule du vase, de l’extérieur vers l'intérieur pour fixer le bec modelé à part, ce qui explique que le guttus ait été pris parfois pour un tintinnabulum, les parcelles d’argile que le potier n’avait pu retirer de l‘intérieur du vase faisaient le même bruit que dans un hochet. Une anse annulaire était fixée sur l’épaule avec de la barbotine et on retrouve parfois l’empreinte des doigts du potier.
Le petit vase était ensuite soit verni au pinceau, lorsque la tranche était réservée et, parfois, recouverte d'un enduit rouge, soit simplement trempé dans la cuve de vernis en le tenant par le pied. Dans ce dernier cas, les traces des doigts du potier sont souvent visibles.
Les médaillons des gutti pouvaient être décorés de têtes isolées plus souvent de face ou de profil que de trois quarts - parfois de figures mythologiques comme Héraclès, Dionysos, Méduse ... Quelquefois, il s'agit de personnages réels. comme une tête de jeune noir vue de profil. Parfois. c'est un personnage isolé ou une scène entière, souvent mythologique. qui est représentée sur le médaillon: cortège de Dionysos. travaux d'Héraclès, Néréide chevauchant un hippocampe, mais on a aussi représenté des animaux: lion, cheval, des monstres comme les griffons ou les harpyes ou même de simples motifs décoratifs comme les rosaces ou les osselets. Souvent. le motif du médaillon a été surmoulé d'après un modèle de métal. objet d'orfèvrerie ou monnaie, mais le potier a dû adapter les contours du médaillon au diamètre du vase, ce qui explique que certains médaillons provenant d'un même moule sont en partie tronqués.